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Biocontrôle : plus 30 % d’hectares déployés gagnés en deux ans en céréales !

L’emploi de fongicides de biocontrôle en céréales deviendrait-il systémique ? Les produits sont reconnus efficaces et l’offre se structure. La baisse de l’Indicateur de fréquence de traitement n’est plus le principal critère de choix.

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Bientôt le million ! La part des hectares déployés en céréales recevant au moins un biocontrôle progresse. En 2021, selon le panel ADquation, elle représente 744 756 ha. En 2023, elle gagne presque un tiers de la surface pour atteindre 977 507 ha. La majorité des hectares déployés concernent les fongicides composés de soufre, phosphonate de potassium et de laminarine ainsi que les antilimaces.

Autres indicateurs, ceux donnés par Christophe Jounaux du cabinet européen Kynetec lors des 10es Rencontres du biocontrôle organisées par IBMA France le 16 janvier au Sival. Le taux de pénétration en grandes cultures est de 40 %. Cela signifie que presque un agriculteur sur deux en utilise au moins une fois en 2023. Toutefois, un bémol s’applique sur le taux de concentration. Il renseigne sur la part des utilisations du biocontrôle dans les programmes de protection des cultures. Dans ce cas, il se situe à 4 %. Ce faible niveau s’explique par le manque d’alternatives aux herbicides.

Biocontrôle en céréales, l’efficacité fait levier

Comment expliquer la progression des hectares déployés en deux ans ? Certes, l’offre se structure, avec l’arrivée des phosphonates en 2022 sur le segment fongicide. Ces solutions s’ajoutent à la laminarine et au soufre. Néanmoins, le premier point d’entrée reste l’efficacité. La baisse de l’IFT (1) n’est plus le seul argument mis en avant par les agriculteurs. « Dans la mesure où ces alternatives garantissent la performance, elles constituent un argument de choix pour valoriser nos productions en filières contractualisées », explique Denis Ferrière, agriculteur dans l’Eure-et-Loir. De plus, il estime que cette ouverture est concomitante avec un ralentissement de la mise en marché des produits phytosanitaires. Lequel est dû aux conditions d’homologation plus contraignantes.

 Changement de pratiques acté pour utiliser les produits de biocontrôle en céréales

Au fil des progrès technologiques, la liste des critères favorisant l’adoption du biocontrôle en céréales s’allonge. L’amélioration variétale avec une généralisation des blés tolérants à la septoriose, ainsi que les stations météo installées au cœur des exploitations agricoles entrent en ligne de compte. Surtout, la bioprotection se justifie de plus en plus face au changement climatique et au développement des résistances de pathogènes aux fongicides. En revanche, l’emploi des produits de biocontrôle en céréales amène à un changement de paradigme. Pour Maxime Luneau, chef de marché grandes cultures chez UPL, la transition en grandes cultures a vraiment commencé au début des années 2010. « J’ai connu l’arrivée de la laminarine, se remémore-t-il. En dix ans, j’ai vraiment vu les changements d’approche de la prescription et des agriculteurs. » Auparavant, un agriculteur et son technicien construisaient un programme conventionnel. Puis, si possible, ils positionnaient la laminarine pour réduire l’IFT avec une demi-dose. « Dans ce cas, difficile de percevoir systématiquement l’efficacité spécifique du biocontrôle, ajoute-t-il. Toutefois, avec les essais, y compris ceux d’Arvalis menés sur du blé contre la septoriose, les biocontrôles apportent, selon les produits et la pression maladie, des gains de 3 à 6 quintaux ! » Pour lui, « tout le monde devrait faire un traitement préventif avec une solution de biocontrôle plutôt qu’une impasse. Et ne traiter uniquement une fois la maladie installée. L’avantage est double : gagner des quintaux et préserver l’efficacité des fongicides tels que les SDHI ».

Les produits de en céréales s’associent de plus en plus aux biostimulants biocontrôle

En outre, Maxime Luneau relève le rôle des formations, dispensées avec les techniciens et agriculteurs pour gagner en expertise sur les biosolutions. De plus, ces séances servent à expliquer qui des biocontrôles et des biostimulants, protègent ou nourrissent !

Désormais, l’itinéraire technique s’élabore par le prisme des biosolutions. Celles-ci incluent aussi les biostimulants. « Une plante en bon état physiologique est moins sensible au pathogène, complète Maxime Luneau. Après, dès le stade épis 1 cm, le biocontrôle s’en occupe ! » Si besoin, le produit conventionnel le complète !

Damien Laurent, céréalier en Haute-Loire avec une exploitation certifiée HVE (2) depuis 2020, confirme. « L’idée est de trouver la combinaison de biosolutions adaptée à son système de culture. En ce qui me concerne, je sécurise la production avec deux traitements équivalant à seulement 1 ou 1,5 IFT selon les parcelles », ajoute-t-il. Pour lui, cette combinaison réside dans un premier passage associant un biocontrôle (soufre) et un biostimulant (GoActiv). Ensuite, il réalise un second passage avec un fongicide conventionnel à dose réduite.

Maxime Luneau chef de marché grandes cultures chez UPL : « La transition en grandes cultures avec le biocontrôle a vraiment commencé au début des années 2010. »

(1) Indicateur de fréquence de traitement

(2) Haute valeur environnementale

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